Quatrième leçon : Suggestions à l’état de veille

Aujourd’hui, vous êtes maître en l’art de l’attraction et 90 sujets sur 100 tombent en arrière et en avant sur votre ordre. Vous pouvez donc passer à d’autres exercices, et vous livrer à des suggestions variées, mais toujours à l’état de veille.

N’oubliez pas que le but que vous poursuivez n’est pas d’empêcher un sujet de marcher, de boire, de remuer le bras. Tout ceci vous importe peu, puisque vous n’exercer pas le métier d’hypnotiseur sur une scène publique, mais ces expériences sont une école de volonté et de DOMINATION qui développera en vous le magnétisme personnel, et vous permettra, dans l’avenir, de réaliser vos espérances les plus chères.

Un célèbre banquier qui connut la prison de Fresnes eut cette défense extraordinaire devant la Cour d’assises : « Il y a sur terre, dit-il, les voleurs et les volés, je préfère être du côté des voleurs ». C’est ce que dit plus spirituellement Arsène Lupin, le gentleman cambrioleur qui a fait la fortune du théâtre de l’Athénée. Philosophie attristante, bien digne de notre vingtième siècle, fausse aussi, car il est facile avec un peu de volonté de se ranger dans la catégorie de ceux qui ne sont ni voleurs ni volés.

Ce qu’il faudrait dire justement, c’est qu’il y a dans la vie le dominateur et le dominé. Un hypnotiseur, il y a quelque temps, se faisait appeler sur les affiches qui annonçaient ses représentations à l’Hippodrome : « Le Dominateur X ». Ce titre était beau, ce titre était exact. Celui qui domine, c’est-à-dire qui courbe tous les fronts sous sa volonté, qui ne subit l’influence d’aucun milieu, d’aucune ambiance, qui passe la tête haute au milieu des hommes et des choses, qui renverse les obstacles sur son passage, qui ne sent jamais pénétrer en lui la griffe du découragement, celui-là aura l’ARGENT, la GLOIRE, les HONNEURS. A côté de lui, figure palote, effacée, ombre qui passe dans la nuit et le silence, se tient le Dominé. Il est triste, découragé. Il voit des camarades moins instruits, moins intelligents que lui, parvenir au sommet des emplois tandis que lui végète sans remonter le courant. Et il dit : « J’ai la guigne ».

Quand il a prononcé ces mots, il semble qu’il ait donné la suprême explication de sa malchance. Et il attend tranquillement la veine qui ne l’atteindra jamais, comme le pêcheur à la ligne de Richepin convoite jusqu’à sa mort un poisson qui se dérobe à sa vue.

Tous les jours je reçois des centaines de lettres de gens qui me disent : « Je ne sais plus que devenir. Rien ne me réussit, je suis poursuivi par le malheur avec une opiniâtreté tenace. Que faut-il faire ? Suis-je envoûté ? Est-il des procédés magiques qui me permettront de sortir de l’ornière où je me débats ? »

A ces lecteurs, je réponds : « Oui, vous êtes envoûté ; vous êtes envoûté par la paresse d’esprit, par le découragement, par la lassitude de la vie, par le manque d’initiative et de confiance en vous. Et les procédés magiques qui doivent vous guérir, sont la VOLONTE, l’ESPERANCE, et la FOI EN VOUS. Relevez-vous, marchez en avant, sautez sur les obstacles, sans vous occuper de ce que vous pouvez casser, liens fragiles d’amitié, convenances sociales parfois stupides, qu’en dira-t-on de petites villes ; allez où vous conduisent vos préférences, vos goûts parfois opposés à la profession que vous exercez, et vous serez étonnés de voir la vie se transformer pour vous, et la veine se produire par vos efforts, car il est éternellement vrai le proverbe qui dit que Dieu aide ceux qui s’aident.

Rien de meilleur que ces expériences d’hypnotisme et de suggestion pour les désespérés qui veulent reconquérir la volonté. Ils apprennent là à commander à leurs pensées, à tendre leur vouloir vers un but dominateur, qui transforme petit à petit les conditions de leur existence.

Voyons maintenant les suggestions que nous pouvons opérer sur les sujets qui se sont prêtés à nos expériences d’attraction.

Quatrième leçon : Suggestions à l’état de veille

Figure 1

Prenez la tête du sujet, ainsi que l’indique la figure 1, entre le pouce et le médiums, et faites une légère pression en disant :

« J’engourdis par cette pression les muscles du cou ; vous allez sentir un léger picotement et ensuite une fraîcheur agréable. Quand je retirerai la main, vous ne pourrez plus baisser la tête, je vous défends de baisser la tête ! »

Et le sujet aura beau faire des efforts surhumains, il ne pourra baisser la tête.

Pour enlever la suggestion, soufflez doucement sur le cou en disant : « C’est fini, vous pouvez baisser la tête. »

Autre suggestion. Prenez de la main gauche (fig. 2) la main du sujet et élevez son bras, puis passez légèrement la main droite sous ce bras, depuis l’aisselle jusqu’à la main ; répétez plusieurs fois l’opération en disant lentement : (Je sépare les syllabes pour vous faire bien comprendre la lenteur qui doit être apportée à votre parole).

Figure 2

-Votre bras se raidit ; il devient dur comme du fer ; vous ne pouvez plus le plier. Rien ne peut vous le faire plier.

Vous glissez ensuite vos deux mains sur les doigts du sujets (fig. 3) et vous abandonnez le bras entièrement en catalepsie. Si vous avez des amis dans la salle car autant que possible, il faut avoir un petit public vous les pliez de venir constater la rigidité du bras.

Fichier 3

Pour les jambes (fig. 4) l’opération est absolument identique. Vous faites asseoir votre sujet, vous portez cette fois vos deux mains sur une ou les deux jambes à la hauteur du pli des genoux, et vous faites glisser les mains en prononçant les mêmes paroles que précédemment. La rigidité des jambes se produit de la même façon (fig. 4).

Figure 4

Il faut surtout éviter les phrases équivoques, qui indiquent l’hésitation ou du doute sur le résultat de vos expériences. J’ai entendu un jour un apprenti magnétiseur dire à son public : « Mesdames et messieurs, je vais « essayer » maintenant de provoquer la suggestion à l’état de veille sur le sujet que je vous présente. Si « je réussis bien » quand j’aurai fait les passes nécessaires, le bras du sujet, entièrement en catalepsie, deviendra dur comme du marbre, vous ne pourrez pas le plier. »

Et naturellement le sujet à qui sont « maître » avait laissé entendre qu’il allait essayer et qu’il n’était pas sût de réussir, avait d’avance perdu confiance en l’hypnotiseur et, avec un sourire non déguisé, il pliait chaque fois son bras avec aisance, à la satisfaction du public frondeur.

J’eus pitié de mon « apprenti » et, sans me faire remarquer, je réussis à lui communiquer à l’oreille mon impression sur la non-réussite de son expérience. Il comprit, et lorsqu’il eut devant lui un second sujet, il se ressaisit et cette fois affirma que l’expérience allait réussir, parce qu’il le voulait et que personne ne pouvait résister à ses ordres. Presque instantanément la catalepsie se produisit et mon hypnotiseur obtint un grand succès dont il me remercia à la sortie. Cet apprenti a aujourd’hui un nom connu dans le magnétisme, et gagne beaucoup d’argent, par des cures merveilleuse que surveillent jalousement les médecins.

Figure 5

Je m’empresse de vous dire, chers lecteurs, que lorsque vous tenterez ces expériences de catalepsie (à l’état de veille), du bras et de la jambe, il faudra surveiller ceux qui voudront se rendre compte de la raideur des membres, car, avec beaucoup de force, ils pourraient plier le bras ou la jambe, et même le casser, ce qui s’est produit malheureusement quelquefois.

En finissant ce chapitre, je vous dirai : « N’écartez jamais l’occasion de donner une petite séance récréative. Votre volonté se développera plus facilement sous l’œil du public, l’amour-propre décuplera vos dons de fascination, et les résultats moraux que vous en éprouverez vous donneront le désir de continuer la voie que vous vous êtes tracée ».

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